8 000 000 000
Le 11 juillet dernier l’ONU nous faisait connaitre que « La population mondiale devrait atteindre 8 milliards [huit mille millions] d'habitants le 15 novembre 2022 ». En 2015, quand je me suis engagé dans la construction de ce site, nous n’étions que 7,38 milliards, ce qui représente « grosso modo » une augmentation de quelque 620 millions en huit ans (2015 à 2022 comprises), soit une croissance de plus de (620/7) 89 millions/an. Entre ces deux dates il y a eu un accident - la Covisd-19 en 2020 et 2021. Il fut la cause d’une diminution par rapport à la moyenne - suivi, si l’on croit les annonces de l’ONU, par une spectaculaire augmentation, estimée, au bas mot, à 123 millions en 2022 (Table 1).
Table 1 – Évolution de la population mondiale entre 2015 et 2022
Données d’après https://population.un.org/wpp/Download/Standard/MostUsed/
ANNÉE
|
POPULATION
|
AUGMENTATION
|
2015
|
7 383 240
|
|
2016
|
7 469 955
|
86 715
|
2017
|
7 556 993
|
87 038
|
2018
|
7 642 651
|
85 658
|
2019
|
7 724 928
|
82 277
|
2020
|
7 804 974
|
80 045
|
2021
|
7 876 932
|
71 958
|
2022
|
8 000 000*
|
123 068
|
|
MOYENNE
|
88 109
|
* Estimation
Entre ces deux dates les émissions de CO2sont passées (arrondies au digit supérieur) de 33 à 36,3 Gt. Un calcul très simple montre que, si l’on considère les erreurs intrinsèques à l’estimation de ces chiffres, rien n’a changé entre les discours emphatiques et prometteurs de la COP 21 en 2015 et aujourd’hui.
En effet, la Table 2 résume ces données et montre que la moyenne des émissions de CO2 par tête d’habitant de la planète reste sensiblement la même, en dépit de la diminution des activités et l’augmentation des décès dus à la COVID-19 et ses variantes de 2020 à 2022.
Table 2 – Population et émissions de CO2 en 2015 et 2022
Données d’après https://www.iea.org/reports/global-energy-review-co2-emissions-in-2021-2
ANNÉE
|
POPULATION
|
ÉMISSIONS CO2
|
ÉMISSION CO2 /HABITANT
|
|
Md
|
Gt
|
t
|
2 015
|
7,38
|
33,00
|
4,50
|
2 022
|
8,00*
|
36,30*
|
4,54
|
* Estimation
Ceci veut dire aussi que les décès ne compensent pas les naissances, qui se poursuivent inexorablement, même si la fécondité a diminué globalement, passant de 3,2 à 2,4 enfants/femme entre 1990 et 2020. Et qui plus est, ces nouveaux nés arrivent en apportant, probablement à leur corps défendant, une contribution aux émissions de CO2 presque égale à la contribution moyenne de chacun des êtres humains vivants au moment de leur naissance. Elle est par ailleurs supérieure à celle déclarée nécessaire (2t), au cours d’une émission récente sur Public Senat, pour la subsistance d’un bébé. Cette donnée est cependant 30 fois inférieure à celle annoncée (58.6 t) par une étude suédoise de 2017. Contentons-nous donc de la statistique globale de la Table 2 et admettons que les petits émettent autant que les grands !
Ces 620 millions (9% de la population totale de 2015) de petits et jeunes enfants, dont l’âge maximale est inférieur à 7 ans, ne devraient pas contribuer substantiellement à une quelconque augmentation de la richesse, puisqu’ils ne sont pas en âge de le faire. Or, la Table 3 montre qu’entre 2015 et 2022 la population a augmenté de 9%, le PIB mondial de plus de 30% et celui per capita (dont les 620 millions de petits de moins de sept ans) de 20% ! Et ceci en dépit des conséquences de la « guerre » contre la Covid-19, qui aurait dû se traduire par, a minima, une stagnation de la richesse mondiale et une diminution des émissions de CO2.
Table 3 – Population et PIB en 2015 et 2022
Données d’après https://donnees.banquemondiale.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD et https://thedocs.worldbank.org/en/doc/18ad707266f7740bced755498ae0307a-0350012022/related/Global-Economic-Prospects-June-2022-Chapter-1-Highlights-FR.pdf
ANNÉE
|
POPULATION
|
PIB MONDE
|
PIB/HABITANT
|
|
|
Md
|
1000*Md $
|
$
|
|
2 015
|
7,34
|
75,23
|
10 249,32
|
|
2 022
|
8
|
98,89
|
12 360,86
|
|
|
9
|
31,4
|
20,6
|
AUGMENTATION %
|
Quoi conclure de ces chiffres ?
Si l’on est optimiste on aurait tendance à dire qu’en dépit du « cataclysme » de la Covid 19 tous les indicateurs de croissance - population, richesse (PIB), émissions de CO2, espérance de vie à la naissance, etc. – sont au vert et qu’ils risquent de continuer ainsi et se stabiliser, avec un peu de chance, quand « la fécondité étant en baisse » « Le nombre de personnes habitant sur la planète devrait … avoisiner les 11 milliards à la fin du siècle»
Si l’on est pessimiste on pourrait espérer un vrai « cataclysme », qui dépasserait en magnitude et gravité celui qui nous est prédit depuis plus de trente ans par les 26 COPs successives.
La guerre en Ukraine, dont les prémices - en termes stratégiques, économiques (micro et macro), financiers, politiques, sociétales, etc. – se font sentir avec une acuité peu courante pourrait être le déclencheur (détonateur ?) d’un nouveau paradigme de l’humanité. Et seulement de l’humanité puisque notre planète est, et restera encore pour des milliards d’années, totalement indifférent à notre existence, comme elle l’a été au cours des milliards d’années qui ont précédé notre présence pensante sur la mince croute terrestre.
Daniel H. Fruman
14/08/2022