CO2 ET TEMPÉRATURE

La Figure A1 est extraite du Rapport 2007 du GIEC [1] et montre les « variations observées de la température moyenne à la surface du globe » avec les « écarts …calculés par rapport aux moyennes pour la période 1961-1990 »   Courbe de temperature giec ajusteeFigure A1 : Variations de la température moyenne à la surface du globe avec les écarts calculés par rapport aux moyennes pour la période 1961-1990. Les courbes lissées représentent les moyennes décennales, et les cercles correspondent aux valeurs annuelles. Les zones ombrées représentent les intervalles d’incertitude qui ont été estimés à partir d’une analyse poussée des incertitudes connues.

On observe deux augmentations assez nettes : l’une entre 1910 et 1940 et l’autre entre 1955 et 2005, séparées par un plateau qui paraît se situer entre 1940 et 1955. Les deux zones de croissance peuvent être ajustées « à l’œil », ce qui est largement suffisant tenant compte de l’« intervalle d’incertitude » et de la dispersion des données hors l’intervalle d’incertitude, par deux droites d’égale pente.  En détail on note [2] :

i)          de 1850 à 1898 la température n’augmente pas de manière « pérenne »,

ii)        entre 1898 et 1910 la température chute spectaculairement de ~0,3 °C en 12 ans 
            (~0.025°C/an),

iii)      à partir de 1910 jusqu’en 1940  la température augmente de plus de ~0,5 °C 
           (~0,017°C/an)

iv)      chute encore de ~0,2 °C entre 1942 et 1948 (~0,033°C/an),

v)        atteint un presque « plateau » entre 1948 et 1970, 

vi)      croit aussi rapidement que pendant la période 1898-1910 de ~0,6°C en 40 ans
           (~0,015°C/an) à partir de 1970.

Si on se reporte à la Figure A2, où l’on a reproduit la Figure A1 avec la courbe de la concentration de CO2 en fonction des années et où on a indiqué les périodes de décroissance et croissance de la température, on voit qu’il n’y a pas de corrélation entre ces deux variables sauf pendant les périodes 1910-1938 et au-delà de 1970/1980. Aucune explication basée sur l’évolution de la concentration de CO2 atmosphérique ne peut être faite des périodes de baisse de la température qui durent quand même 12 (1898/1910) et 6 ans (1942/1948). Or, pour ce qui est de la température, les périodes de décroissance, la période de croissance de 1910-1940 et le presque plateau entre 1950 et 1970 sont totalement ignorés au bénéfice d’une seule qui « compte » celle de croissance au-delà de 1970. Courbe de temperature giec pls co2Figure A2 : Figure A1 avec au-dessous la courbe de la concentration de CO2 en fonction des années. Les flèches indiquent les périodes de croissance, de décroissance et de stagnation des températures et de la concentration de CO2.

Pourtant, imaginons que le presque plateau de températures ne se soit jamais produit et que l’augmentation de 1910-1940 se soit prolongée comme une analyse conduite en 1930 aurait pu le laisser espérer au vu du comportement pendant le passé récent (1910-1930). Un calcul simple montrerait alors que les prévisionnistes de 1940 auraient annoncé qu’en 2010 on pouvait espérer un écart de température par rapport à celle de 1910 de 1,05°C (=0,015*70), un demi-degré supérieur à celle qui a été enregistrée en 2010 ! Le presque plateau de température entre 1948 et 1970 (22 ans) n’est pas un évènement banal que l’on peut « zapper » au bénéfice d’une croissance que, somme toute, ne dure que depuis 70 ans, très peu par rapport aux données qui montrent la montée continue de la concentration du CO2 atmosphérique depuis bien avant 1850.

Les scientifiques du GIEC [3] reconnaissent que « En raison de la variabilité naturelle, les tendances calculées sur des séries courtes sont très sensibles à la date de début et de fin de la période considérée, et ne reflètent généralement pas les tendances climatiques de long terme » On peut se demander ce qui est une série « courte » et si la série de « réchauffement » qui débute vers 1970 est suffisamment « longue » pour éliminer tout biais et refléter  «  les tendances climatiques de long terme »    

C’est exclusivement sur la base de ces données de température que les scientifiques du GIEC ont élaboré leurs rapports et, en particulier le premier en 1990 [4] où il est écrit à l’intention des décideurs qu’il « y a un effet de serre que garde la Terre plus chaude qu’elle ne devrait l’être autrement » et  « la grandeur de ce changement (0,3 à 0,6°C au cours des derniers cent ans) est globalement en accord avec les prédictions des modèles climatiques, mais elle est aussi de la même magnitude que la variabilité naturelle du climat. Donc, l’augmentation observée peut être due largement à cette variabilité, tandis que celle-ci et autres facteurs humains peuvent avoir compensé un échauffement dû à l’effet de serre d’origine humaine beaucoup plus important. La détection sans équivoque d’un renforcement de l’effet de serre à partir des observations ne paraît pas possible avant une décade ou plus » Il apparaît donc que la variabilité naturelle du climat justifie les cycles de croissance, de décroissance et de constance de la température entre 1890 et 1990 mais ne suffit pas pour justifier deux décades plus tard qu’il s’agit de la même  « variabilité naturelle du climat » qui est responsable de l’augmentation de la température de 1990 à 2010.

Nous acceptons les conclusions du GIEC mais restons sceptiques quant à la corrélation entre la concentration de CO2 atmosphérique et « la température moyenne à la surface du globe » sur la totalité de la période 1850-2010. 

Daniel H. Fruman

Texte et Images dans l'ensemble du site © Daniel H. Fruman sauf si explicitement signalé
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Notes et références
[1] GIEC, 2007 : Bilan 2007 des changements climatiques. Contribution des Groupes de travail I, II et III au quatrième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat [Équipe de rédaction principale, Pachauri,R.K. et Reisinger, A. (publié sous la direction de)]. GIEC, Genève, Suisse, 103 pages.

[2] Le site http://co2climate.e-monsite.com/pages/variations-de-la-temperature-moyenne-de-la-terre-au-cours-des-millenaires.html fait une analyse analogue des données de température avancées par le GIEC et la communauté scientifique.
[3] Changements Climatiques 2013 : Les éléments scientifiques, Résumé à l’intention des décideurs, p.3. http://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar5/wg1/WG1AR5_SPM_brochure_fr.pdf
[4] https://www.ipcc.ch/ipccreports/far/wg_I/ipcc_far_wg_I_full_report.pdf. Voir Exeutive Summary « there is a natural greenhouse effect which already keeps the Earth warmer than it would otherwise be ». « The size of this warming (0 ,3°C to 0,6°C over the last 100 years) is broadly consistent with predictions of climate models, but it is also of the same magnitude as natural climate variability Thus the observed increase could be largely due to this natural variability, alternatively this variability and other human factors could have offset a still larger human-induced greenhouse warming The unequivocal detection of the enhanced greenhouse effect from observations is not likely for a decade or more »  

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

8 000 000 000

Le 11 juillet dernier l’ONU[1] nous faisait connaitre que « La population mondiale devrait atteindre 8 milliards [huit mille millions] d'habitants le 15 novembre 2022 ». En 2015, quand je me suis engagé dans la construction de ce site, nous n’étions que 7,38 milliards, ce qui représente « grosso modo » une augmentation de quelque 620 millions en huit ans (2015 à 2022 comprises), soit une croissance de plus de (620/7) 89 millions/an. Entre ces deux dates il y a eu un accident - la Covisd-19 en 2020 et 2021. Il fut la cause d’une diminution par rapport à la moyenne - suivi, si l’on croit les annonces de l’ONU, par une spectaculaire augmentation, estimée[2],  au bas mot, à 123 millions en 2022 (Table 1).

Table 1 – Évolution de la population mondiale entre 2015 et 2022
Données d’après
https://population.un.org/wpp/Download/Standard/MostUsed/                                    

ANNÉE

POPULATION

AUGMENTATION

2015

7 383 240

 

2016

7 469 955

86 715

2017

7 556 993

87 038

2018

7 642 651

85 658

2019

7 724 928

82 277

2020

7 804 974

80 045

2021

7 876 932

71 958

2022

8 000 000*

123 068

 

MOYENNE

88 109

     *  Estimation

Entre ces deux dates  les émissions de CO2[3]sont passées (arrondies au digit supérieur) de 33 à 36,3[4] Gt. Un calcul très simple montre que, si l’on considère les erreurs intrinsèques à l’estimation de ces chiffres, rien n’a changé entre les discours emphatiques et prometteurs de la COP 21 en 2015 et aujourd’hui.

En effet, la Table 2 résume ces données et montre que la moyenne des émissions de CO2 par tête d’habitant de la planète reste sensiblement la même, en dépit de la diminution des activités et l’augmentation des décès dus à la COVID-19 et ses variantes de 2020 à 2022.

Table 2 – Population et émissions de CO2 en 2015 et 2022
Données d’après
https://www.iea.org/reports/global-energy-review-co2-emissions-in-2021-2

ANNÉE

POPULATION

ÉMISSIONS CO2

ÉMISSION CO2 /HABITANT

 

Md

Gt

t

2 015

7,38

33,00

4,50[5]

2 022

8,00*

36,30*

4,54

*  Estimation

Ceci veut dire aussi que les décès ne compensent pas les naissances, qui se poursuivent inexorablement, même si la fécondité a diminué globalement, passant de 3,2 à 2,4 enfants/femme[6] entre 1990 et 2020. Et qui plus est, ces nouveaux nés arrivent en apportant, probablement à leur corps défendant,  une contribution aux émissions de CO2 presque égale à la contribution moyenne de chacun des êtres humains vivants au moment de leur naissance.  Elle est par ailleurs supérieure à celle déclarée nécessaire (2t), au cours d’une émission récente sur Public Senat, pour la subsistance d’un bébé[7].  Cette donnée est cependant 30 fois inférieure à celle annoncée (58.6 t) par une étude suédoise[8] de 2017. Contentons-nous donc de la statistique globale de la Table 2 et admettons que les petits émettent autant que les grands !

Ces 620 millions (9% de la population totale de 2015) de petits et jeunes enfants, dont l’âge maximale est inférieur à 7 ans, ne devraient pas contribuer substantiellement à une quelconque augmentation de la richesse, puisqu’ils ne sont pas en âge de le faire. Or, la Table 3 montre qu’entre 2015 et 2022 la population a augmenté de 9%, le PIB mondial de plus de 30% et celui per capita (dont les 620 millions de petits de moins de sept ans) de 20% ! Et ceci en dépit des conséquences de la « guerre » contre la Covid-19, qui aurait dû se traduire par, a minima, une stagnation de la richesse mondiale et une diminution des émissions de CO2

Table 3 – Population et PIB en 2015 et 2022
Données d’après
https://donnees.banquemondiale.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD et https://thedocs.worldbank.org/en/doc/18ad707266f7740bced755498ae0307a-0350012022/related/Global-Economic-Prospects-June-2022-Chapter-1-Highlights-FR.pdf

ANNÉE

POPULATION

PIB MONDE

PIB/HABITANT

 

 

Md

1000*Md $

$

 

2 015

7,34

75,23

10 249,32

 

2 022

8

98,89

12 360,86

 
 

9

31,4

20,6

AUGMENTATION %

 

Quoi conclure de ces chiffres ?

Si l’on est optimiste on aurait tendance à dire qu’en dépit du « cataclysme[9] » de la Covid 19 tous les indicateurs de croissance - population, richesse (PIB), émissions[10] de CO2, espérance de vie à la naissance, etc. – sont au vert et qu’ils risquent de continuer ainsi et se stabiliser, avec un peu de chance, quand « la fécondité étant en baisse » « Le nombre de personnes habitant sur la planète devrait … avoisiner les 11 milliards à la fin du siècle[11]»

Si l’on est pessimiste on pourrait espérer un vrai « cataclysme[12] », qui dépasserait en magnitude et gravité celui qui nous est prédit depuis plus de trente ans par les 26 COPs successives.

La guerre en Ukraine, dont les prémices - en termes stratégiques, économiques (micro et macro), financiers, politiques, sociétales, etc. – se font sentir avec une acuité peu courante pourrait être le déclencheur (détonateur ?) d’un nouveau paradigme de l’humanité. Et seulement de l’humanité puisque notre planète est, et restera encore pour des milliards d’années, totalement indifférent à notre existence, comme elle l’a été au cours des milliards d’années qui ont précédé notre présence pensante sur la mince croute terrestre.  

                                                                                                                             Daniel H. Fruman
                                                                                                                             14/08/2022

[2] La population en 2022 ne tient pas compte de l’augmentation probable entre le 15/11 et le 31/12/2022.

[4] On a pris la valeur des émissions en 2021puisque l’on n’a pas trouvé encore des estimations pour 2022. On peut cependant prévoir qu’elles seront beaucoup plus élevées. 

[5] En 2019 les émissions per capita en France étaient identiques à la moyenne monde - 4,469 t - suivant les données de la Banque Mondiale https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.PC?locations=FR

[5] Émission Sens Public sur Public Senat du 21/07/2022 22:00. « Un bébé 2t/an »

[7] Émission Sens Public sur Public Senat du 21/07/2022 22:00. « Un bébé 2t/an »

[9] « Le cataclysme du Covid-19 doit servir de catalyseur pour redéfinir notre politique du grand âge » (lemonde.fr). Bouleversement causé par un tremblement de terre, par un cyclone et par extension Désastre, bouleversement complet dans la situation d'un État, d'un groupe, d'une personne ; catastrophe.