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POPULATION MONDIALE ET CO2

On lit souvent que la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté considéra-
blement à partir du milieu du XIXe siècle suite à la révolution industrielle qui a suivi un certain nombre de découvertes dont, en particulier, la machine à vapeur de Watt (1736-1819).  La Figure 1 montre les valeurs de CO2 en parts par million en volume (ppm [1]) entre 1800 et 2013 déduites des mesures effectuées sur des échantillons de carottes glaciaires et des mesures directes à partir de 1960 [2] [3].
   Figure 8Figure 1 : Concentration de CO2 en ppm (parts par million) en fonction du temps entre 1800 et 2013.

On observe que pendant la période comprise entre 1800 et 1850 la concentration est assez constante (varie entre 282,9 et 284,7 ppm, moins de 2 ppm en 50 ans). Au-delà elle augmente très rapidement puisqu’elle passe de 284,7 à 396,5 ppm en 2013 (soit plus de 100 ppm en 163 ans ou 34 ppm par 50 ans en moyenne) avec un palier - la concentration est comprise entre 310,10 et 310,40 ppm - difficilement explicable [4] [5] [6]  au cours de la décennie de la Seconde guerre mondiale, 1940-50, et plus particulièrement entre 1938 et 1955. Il est intéressant de signaler que le palier de la concentration de CO2 s’est accompagné d’un refroidissement [7]  entre 1940 et 1970 avec une notable discontinuité en 1945.

La Figure 1 de « l’explosion démographique » montre que la population a aussi augmenté suivant une évolution qui est assez proche de celle du CO2  avec la notable différence qu’aucun palier au cours de la décennie de la Seconde guerre mondiale n’est visible. Nous nous proposons de voir s’il existe une corrélation [8] entre ces deux processus : la croissance de la population et la concentration de CO2.

On doit d’abord considérer que la présence du CO2 dans l’atmosphère est un phénomène cumulatif et si l’augmentation de la population est, de quelque manière que ce soit responsable de l’augmentation du CO2, nous devons aussi considérer sa contribution cumulative (Figure 2 de « 1910-2010, l’explosion démographique »). Pour la période que nous intéresse, celle à partir de 1850 jusqu’à 2010, nous avons porté sur la Figure 2 la concentration de CO2 normalisée [9] en fonction de  l’excès de population cumulée normalisée [10] de façon à ramener les données à une échelle comprise entre 0 (1850) et 1 (2010). Puisque nous avons noté un comportement déviant des données de la concentration de CO2 entre 1940 et 1955, qui est aussi notable sur cette figure, nous avons considéré exclusivement les valeurs comprises entre 1850 et 1940 et entre 1955 et 2010.

Figure 9Figure 2 : Concentration de CO2 normalisée par rapport à la référence de l’année 1850 (base 284,70 ppm et une augmentation de 105,45 ppm entre 1850 et 2010) en fonction de l’excès de la population mondiale cumulée normalisée (base 389 Mrd en 1850 et une augmentation de 439 Mrd entre 1850 et 2010). En rouge les données entre 1850 et 1940, en bleu entre 1955 et 2010, et en noir les droites d’ajustement des données [11]. Entre 1940 et 1955 le palier de concentration constante en traits rouges.

On observe que les données pour ces deux périodes hors palier sont parfaitement alignées mais avec des pentes différentes. Sur la même figure on a reporté la droite d’ajustement ou de régression (en noir) pour chacune de ces  périodes. On note que l’ajustement est de très bonne qualité avec des écarts raisonnables La qualité de l’ajustement est caractérisée par le coefficient de corrélation (R2) qui mesure l’intensité du lien entre les deux variables. Dans notre cas il est égal à  0,9967 pour la première période et 0,9991 pour la seconde, ce qui est remarquable puisqu’un coefficient de corrélation égal à l’unité correspond à une corrélation forte entre les variables. On peut donc dire que l’excès de population et l’excès de concentration de CO2 sont effectivement directement reliés l’un  à l’autre, ou tout au moins que leur évolution est analogue et suffisante pour émettre une hypothèse de causalité entre ces deux variables. Ceci ne veut pas dire que l’excès de concentration de CO2 est dû exclusivement à l’excès de population cumulée mais qu’il y a une forte présomption pour que l’évolution de la dernière agisse directement sur la première et ceci est une question qui mérite que l’on s’interroge à son sujet.

Ce qui apparaît clairement est que la stabilisation de la concentration de CO2 atmosphérique entre 1940 et 1950 ne peut pas être imputée à la stabilisation de la population entre ces deux dates puisque elle croit de presque 240 millions d’individus, soit 10 % de la population totale en 1940, en dépit des pertes humaines considérables, estimées à 60 millions, causées par la Seconde guerre mondiale [12]. Même au cours de la Première guerre mondiale [13], responsable de la perte de 18,6 millions de personnes, la population mondiale augmenta de 110 millions au cours de la décennie 1910-1920.

Poursuivant l’analyse critique des données nous allons étudier l’effet de l’évolution des émissions cumulées de CO2 sur les mesures de la concentration de ce gaz dans l’atmosphère, et ce depuis 1850 jusqu’à 2010. Comme pour le cas de la population cumulée nous normalisons les donnes pour qu’elles soient comprises entre 0 et 1 et portons la concentration de CO2 atmosphérique en fonction des émissions cumulées de CO2 sur la Figure 3. On voit qu’il y a corrélation entre les deux variables au-delà du palier (pour une date égale et postérieure à 1955) puisque le coefficient de corrélation de la droite d’ajustement est égal à 0,9991. Le palier lui-même n’est pas corrélé, ce qui confirme qu’il est indépendant de la population cumulée et des émissions cumulées de CO2, qui sont par ailleurs parfaitement corrélés entre elles comme le montre la Figure 4 pour la période comprise entre 1960 et 2010.

Nous pouvons résumer les résultats de notre analyse des données disponibles de la manière suivante :

i)     Entre 1850 et 2010 le CO2 atmosphérique a augmenté avec la population cumulée sauf pendant la période comprise entre ~1940 et 1955 où il s’est stabilisé,

ii)   Cette stabilisation n’est associée ni à la variation de la population cumulée ni à celle des émissions de CO2 cumulées pendant cette période qui ont augmenté sans discontinuer,

iii)  Entre ~ 1955-2010 il y a corrélation entre le CO2 atmosphérique, la population cumulée et les émissions cumulées de CO2 rejetées dans l’atmosphère suite aux activités humaines.

iv) Il est clair que l’augmentation par 150% de la population entre 1955 et 2010 - de 2,76 à 6,92 milliards d'individus -  est le phénomène prédominante puisque l’augmentation des émissions de CO2 per capita n'est que de 80% pendant la même période - 2,72 en 1955 à 4,87 t/habitant en 2010.    

Figure 10

Figure 3 : Concentration de CO2 normalisée par rapport à la référence de l’année 1850 (base 284,70 ppm et une augmentation de 105,45 ppm entre 1850 et 2010) en fonction des émissions de CO2 cumulées normalisées (base 0 en 1850 et une augmentation de 1344 Gt entre 1850 et 2010). En bleu les données entre 1955 et 2010, en rouge entre 1850 et 1955, et en noir la droite d’ajustement des données pour la période 1955-2010.

Figure 11

 Figure 4 : Émissions de CO2 cumulées normalisées (base 0 Gt en 1850 et une augmentation de 1345 Gt entre 1850 et 2010) en fonction de l’excès de la population mondiale cumulée normalisée (base 389 Mrd en 1850 et une augmentation de 439 Mrd entre 1850 et 2010). En bleu les données entre 1955 et 2010, en rouge entre 1850 et 1955, et en noir la droite d’ajustement des donnéespour la période 1955-2010.

Et pourtant on respire…

Respirer est la fonction la plus naturelle et nécessaire des êtres vivants, végétaux ou animaux. L’Homme, faisant partie de cette dernière branche l’exerce de son premier à son dernier souffle sans interruption aucune, heureusement pour lui. La fonction de la respiration est d’apporter de l’oxygène aux poumons et d’en extraire le CO2 apporté par le sang. Or ces rejets ne sont jamais signalés ou pris en compte dans le bilan des émissions anthropiques de CO2 en considérant qu’ils sont équilibrés par la photosynthèse (par absorption de CO2 et rejet d’oxygène) des produits agricoles que l’homme produit et consomme pour son alimentation. L’argument ne manque pas de fondement mais ne tient pas compte du fait qu’il faut de l’énergie pour produire les aliments et que dans ce processus il y a dégagement de CO2 d’une part, et que, d’autre part, l’homme restitue une partie de son alimentation sous forme de rejets liquides et solides qui a leur tour produisent du CO2 soit par dégradation de la matière organique soit par l’énergie requise pour son traitement (purification des eaux usées, incinération, etc.). Rien ne prouve que le « bilan carbone ou plus précisément le bilan CO2 » de l’être humain pour simplement rester en vie soit neutre du point de vue des émissions de CO2.

Normalement le nombre d’inspirations chez l’homme adulte au repos est de 15 à 16 par minute; de 18 chez la femme, et chez l’enfant d’autant plus élevé que le sujet est plus jeune. À la suite d’exercices ou activités violents le nombre de respirations peut passer à 30, 40 ou même davantage [14]. L’air inspiré contient 21 % d’oxygène et 0.04 % de CO2, tandis que celui rejeté contient 16 % d’oxygène et 4.5 % de CO2. Le volume courant pour une respiration calme est de 0,5 litres [15] [16] (attention, ce n’est que le dixième de la capacité totale pulmonaire). En choisissant des données très conservatives - 15 respirations par minute, un volume de 0,5 l, une concentration de CO2 de 4,5 % et une masse volumique du CO2  de 1,87 kg/m3, un être humain produira (Prod) pendant un an :

 =15*0,5*0,045*1.87*10-6*60*24*365=0,332 [16] tonne de CO2/an

Pour fixer les idées, cette consommation est équivalente à celle d’une voiture basse consommation, émettant une moyenne de 120 g/km de CO2 en circuit routier, parcourant 2764 km/an, ce qui n’est point négligeable. Dans le cas de la France, sa population en 2010 était de 63 136 180 habitants et le nombre de voitures individuelles de moins de quinze ans à la même date était de 31 050 000. Pour que le parc automobile produise autant de CO2/an que le total des habitants il aurait fallu, si les véhicules étaient tous basse consommation ce qui n’est certainement pas le cas, qu’ils parcourent 5626 kilomètres. Tenant compte que le parcours moyen des voitures particulières en 2009 était de 12791 km [17] et supposant toujours une hypothèse optimiste de 120 g/km on a une production globale annuelle de CO2 de 47,66 millions de tonnes, à comparer avec les 20,96 millions de tonnes de la respiration annuelle de tous les français (6,3*107*0,332). Il faut noter que les émissions de CO2 dues à la respiration représentent en France 5.6% du total des émissions anthropiques (dues aux activités humaines) de CO2 dues à la consommation de combustibles fossiles et à la fabrication de ciment - 371,45 millions de tonnes [18].

Une autre comparaison plus globalisée peut être faite en prenant pour l’année 2014 une population mondiale estimée de 7,162 milliards d’individus, ce qui revient à  une production de CO2 due exclusivement à la respiration humaine de 2,38 109 t/an ou 2,38 Gt/an. Ce chiffre correspond à un peu moins du quart du CO2 qui est naturellement absorbée par notre planète [19], estimé à quelques 12 Gt/an, et à 7 % des 33,52 Gt/an des émissions de nature anthropiques pour l’année 2014.  Nous allons essayer de rechercher si cette proportion s’est maintenue pendant la période 1900-2010 pour laquelle nous disposons de données particulièrement sûres [20]. On a établi le rapport entre la valeur estimée de la production annuelle de la respiration (population multipliée par 0,332 t/an) et le CO2  anthropique [21] [22], Figure 5. On voit que ce rapport diminue entre 1900 et 1975 passant de 26 à 8 %, qu'il reste pratiquement constant jusqu’en 2000 et diminue ensuite jusqu’à 7 % en  2010. La part de la respiration ne fait que diminuer ce qui peut être interprété comme une augmentation constante du CO2 d’origine anthropique.

Figure 12

Figure 5 : Rapport entre le CO2 résultant de la respiration humaine
et le CO2 anthropique en fonction du temps. 

Pour pouvoir respirer l’individu doit, quel que soit son âge et son état, s’alimenter et consommer en moyenne 2700 kilocalories [23] produites par les activités agroalimentaires et responsables, elles aussi, de la production d’une certaine quantité de CO2 qui peut être estimée entre 10 et 12 % des émissions de CO2 d’origine anthropique [24] [25]. D’après les données fragmentaires dont nous disposons ceci correspondrait grosso modo  à 0,5 t/habitant/an de CO2, soit pour l’année 2014 avec 7,162 Mrd d’habitants un total de 3,58 Gt (10,6 % du total de CO2 émis cette même année). Le CO2 produit pour satisfaire les besoins alimentaires de l’humanité, sans compter celui nécessaire au transport, à la distribution, au gaspillage [26], au ramassage et traitement des ordures, etc., et celui émis par la fonction respiratoire de cette même humanité est de l’ordre de 17 à 18 % du total des émissions anthropiques estimées, ce qui est loin d’être négligeable.

Tous ne sont pas logés à la même enseigne…

Comment cette augmentation de CO2 anthropique a été repartie suivant les pays ? La Figure 6 montre l’évolution de la production de CO2 anthropique, et tonnes par habitant, entre les années 1960 et 2007 pour les cinq pays les plus gros producteurs de CO2 et le Mali. Les États Unis montrent une légère croissance pendant les années soixante et une stabilisation ensuite avec une production de l’ordre de 20 t/habitant. L’émission de CO2 du  Japon croit très rapidement entre 1960 et 1975, plus lentement ensuite et se stabilise à partir de 1995 autour de 10 t/habitant. Pour  la Russie nous ne disposons pas de données avant 1992 et à partir de 1995 elles rejoignent celles du Japon, autour de 10 t/habitant. La Chine subit un creux de production dans la décennie 1960-1970, conséquence peut être du « grand bond en avant » et de la « révolution culturelle », avec en 1967 un minimum qui n’est que 3.0 % de la production des États Unis la même année. À partir de ce moment s’initie une croissance qui, sauf pour une courte stabilisation dans les années 90, s’est poursuivie jusqu’à 2007. Elle lui permit de passer à une production correspondant à 25,6% de celle des États Unis, ce qui est remarquable. L’Inde part de très loin puisqu’en 1960 chaque Indien ne produit que 1,7 % du CO2 anthropique produit par un habitant des États Unis. Sa croissance est ininterrompue depuis et passe ainsi à 7,4 %, ce qui correspond à un facteur multiplicateur supérieur à quatre (4,35) mais qui le place encore très loin des États Unis. Dans le cas du Mali l’unité de mesure qui est habituellement adoptée, la tonne, n’a aucun sens. En 1960 un Malien produisait 24 kg de CO2 anthropique et un habitant des États Unis 16 158 kg, une valeur comparativement impressionnante puisqu’elle est 676 fois supérieure ! Cette situation s’est cependant améliorée puisqu’en 2007 le rapport entre les États Unis et le Mali n’était que de 404 fois ! ce qui ne correspond cependant qu’à seulement 46,7 kg de CO2 par Malien. 

Figure 13 Figure 6 : CO2 anthropique par tête d’habitant. L’échelle verticale est logarithmiquede manière à permettre une meilleure compréhension des courbes.

Mais ceci n’est rien si on compare ces chiffres à ceuxd du Qatar qui, en 2007, produisait la somme « astronomique » de 55,38 t/habitant, soit presque trois fois celle des États Unis. Par rapport au Malien, un Qatari produisait 163 fois plus en 1960 et 1185 fois plus en 2007 !

En termes de CO2 respirable, 332 kg/personne, un Malien ne dispose que de 46,7 kg de CO2 anthropique, soit 14 % de sa respiration annuelle, et un Qatari dispose, lui, de 167 (16700 % !) fois le CO2 qu’il respire.  

La question que l’on peut maintenant se poser est double : comment peut-on vivre au Mali avec si peu de production de CO2 anthropique d’une part, et qu’est que peut bien consommer un qatari pour produire autant de CO2 anthropique d’autre part ?

Considérons tout d’abord le PIB/capita (Produit Intérieur Brut/capita) pour ces deux pays et, à titre de comparaison le monde, porté sur la Figure 7 en fonction du temps. Encore une fois les écarts sont tels qu’il est nécessaire d’utiliser une échelle logarithmique pour pouvoir apercevoir les différences. On voit que le Qatar caracole en tête avec une augmentation spectaculaire au cours des années soixante-dix, suite probablement à la crise pétrolière qui lui était favorable, pour chuter ensuite assez fortement dans les années 1980-1986 et reprendre sa croissance au-delà pour atteindre en 2012 rien moins que 92800 U$S. La même crise se voit reflétée au niveau du monde par une croissance plus lente et un palier qui coïncide avec la chute des années quatre-vingt au Qatar. La croissance reprend ensuite à un rythme comparable à celui du Qatar et une remontée ensuite pour atteindre 10400 U$S en 20012.  Le Mali suit un parcours assez parallèle à celui du Qatar, une croissance significative entre 1967 et 1980, une période de stagnation ensuite jusqu’en 2001 et une reprise de la croissance au-delà, avec cependant une énorme différence puisqu’il se retrouve deux ordres de grandeur [27] plus bas. En 2012 le PIB d‘un Qatari est 9 fois supérieur à celui de l’habitant moyen de la planète et 133 fois supérieur à celui d’un Malien. En 1972, quarante ans plus tôt, les choses étaient plus raisonnables puisque les chiffres étaient respectivement 4 et 40. En termes relatifs, le Mali à autant profité de la croissance que le monde et le Qatar, mais à un niveau beaucoup plus faible.

Figure 14

 Figure 7 : PIB/capita en U$S (échelle logarithmique)
en fonction du temps

Il semble qu’il y a une relation étroite entre le PIB – mesure de la richesse d’un pays - et la production de CO2 anthropique. Pour aller plus loin, nous avons repris les cinq pays le plus gros émetteurs de CO2 anthropique plus le Mali et la Qatar – pour représenter les deux extrêmes, le plus petit et le plus gros émetteur -  et nous avons porté, Figure 8, le PIB per capita en dollars en fonction du CO2 anthropique en tonnes per capita en échelle logarithmique et pour la période de temps pour laquelle nous avons des données pour ces sept pays. On a ajouté le monde par souci de comparaison.

Figure 15

Figure 8 : PIB per capita en dollars en fonction du CO2 anthropique
en tonnes émis per capita (1972-2007)

On voit que la moyenne mondiale d’émission de CO2 est presque constante - un peu supérieure à 4 t/capita – avec une variation de presque un ordre de grandeur du PIB – de 900 à 7000 dollars. Le Japon, les États-Unis et la Fédération Russe ont un comportement analogue à celui de la moyenne mondial avec une émission moyenne per capita de CO2 de 9, 20 et 10 t. Le PIB des deux premiers s’étale sur une plage de 2000 à 40 000 dollars, tandis que la Russie se distingue par un PIB qui varie entre 300 et 5000 dollars. Le Qatar a un comportement assez chaotique avec une forte variation des émissions de CO2  - comprises entre 2500 et 80 000 t – une variation du PIB 4000 et plus de 50000 dollars.

À l’autre extrême du spectre, comme nous l’avons déjà mentionné, se trouve le Mali, qui « caracole » avec des émissions de CO2 par tête d’habitant comprise entre 40 et 60 kilos et un PIB entre 100 et 450 dollars. L’Inde et la Chine se trouvent, contrairement au Mali, dans une tendance marquée par l’augmentation du PIB et, en conséquence, l’augmentation des émissions de CO2 per capita. La Chine s’approche de la moyenne mondiale tandis que l’Inde est encore loin de pouvoir espérer une telle situation.

Quand on considère les énormes différences de PIB et de CO2 per capita on comprend qu’il est difficile d’expliquer à ceux qui émettent quelques dizaines ou centaines de kg CO2 qu’il faut qu’ils en produisent moins pour permettre à ceux qui émettent des dizaines de milliers de kg CO2 de continuer à consommer. L’évolution du comportement des Indiens et Chinois qui profitent de l’augmentation de leur PIB pour augmenter leurs émissions de CO2 est celle que veulent suivre tous ceux qui se trouvent à gauche de la moyenne mondial de la Figure 8 sans que ceux qui se trouvent à droite n’envisagent de réduire leur PIB et leurs émission de CO2 pour « compenser » les gains de  ceux de gauche.

Nous sommes maintenant armés pour traiter du changement climatiques, de ses causes, de ses supposées conséquences et des moyens qu’on nous propose pour diminuer ces dernières.

Conclusions du chapitre

En utilisant toutes les données accessibles concernant l’évolution de la population, de la concentration de CO2 atmosphérique, des émissions de CO2 d’origine anthropique et du Produit Intérieur Brut (PIB) nous montrons que :

1)      Les émissions de CO2 cumulées sont corrélées avec la population cumulée pour la période1955-2010,

2)      La concentration de CO2 atmosphérique est corrélée avec les émissions de CO2 cumulées pour la période la période1955-2010,

3)      Les concentrations de CO2 atmosphérique présentent un palier pendant la période 1938-1955 en dépit de l’augmentation sensible de la population et des émissions de CO2,

4)      La respiration humaine et l’énergie nécessaire pour assurer l’alimentation des habitants de la planète constituent une fraction non négligeable, 17 à 18%, des émissions de CO2 anthropique,

5)      Il existe des disparités considérables dans les émissions de CO2 suivant les pays – entre 50000 kg et 50 kg de CO2 per capita pour les habitants du Qatar et du Mali respectivement,

6)      Plus le PBI per capita est élevé plus la émission de CO2 per capita est élevée.

Daniel H. Fruman
Texte
et Images dans l'ensemble du site © Daniel H. Fruman sauf si explicitement signalé

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Notes et références
[1] Correspond à un rapport d’un million entre deux valeurs ; par exemple 1cm3/1m3.
[2] http://co2now.org/current-co2/co2-now/
[3] http://www.windows2universe.org/earth/climate/greenhouse_effect_gases.html
[4] http://wattsupwiththat.com/2012/12/07/a-brief-history-of-atmospheric-carbon-dioxide-record-breaking/
[5] http://www.lavoisier.com.au/articles/greenhouse-science/climate-change/quirk-2011-almanac-of-the-atmosphere.pdf
[6] C. MacFarling Meure, D. Etheridge, C. Trudinger, P. Steele, R. Langenfelds, T. van Ommen, A. Smith, and J. Elkins, Law Dome CO2, CH4 and N2O ice core records extended to 2000 years BP, Wiley Online Library ), Geophysical Research Letters, Volume 33, Issue 14, Article first published online: 21 JUL 2006. http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2006GL026152/pdf. “The stabilization of atmospheric CO2 concentration during the 1940s and 1950s is a notable feature in the ice core record. The new high density measurements confirm this result and show that CO2 concentrations stabilized at 310–312 ppm from ~1940–1955” et “…record during this time suggests that this additional sink was mostly oceanic and not caused by lower fossil emissions or the terrestrial biosphere” et “The processes that could cause this response are still unknown”.
[7] David W. J. Thompson, John J. Kennedy, John M. Wallace & Phil D. Jones, A large discontinuity in the mid-twentieth century in observed global-mean surface temperature. Nature 453, 646-649 (29 May 2008). http://www.nature.com/nature/journal/v453/n7195/full/nature06982.html
[8] La corrélation est le lien existant entre deux variables statistiques.
[9] Concentration CO2 normalisée (y)= (C (t) – C (1850))/(C (2010) - C (1850)
[10] Population cumulée normalisée (x) = PC (t) – PC (1850))/(PC (2010) - PC (1850)
[11] Pour les années 1850/1940 on a : (Concentration CO2 normalisée= 0,7512 Population cumulée normalisée) R2=0,9967; Pour les années 1955/2010 : (Concentration CO2 normalisée= 1,2525 Population cumulée normalisée-0,2558) R2=0,9991
[12] http://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale
[13] http://fr.wikipedia.org/wiki/Pertes_humaines_de_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale
[14] Grand Larousse encyclopédique, vol. 9, 1964,  p. 200-201,
[15] http://www.staps.uhp-nancy.fr/foad_natation/physiomusculaire/7_volumes.htm
[16] https://crioux.wordpress.com/2010/09/22/combien-de-co2-lhumain-produit-il-juste-en-respirant/
[17] Source INSEE, http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF13629
[18] Source Banque Mondiale, http://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.KT?page=5
[19] https://www.ipcc.ch/pdf/assessment-report/ar4/wg1/ar4-wg1-faqs-fr.pdf, p.125. « Les puits naturels de carbone ont absorbé environ 3,3 GtC net par an de CO2 pendant les 15 dernières années, compensant partiellement les émissions d’origine humaine ». Pour avoir les émissions de CO2  il faut multiplier les GtC par 3.667, soit 12.1 Gt CO2
[20] Source Banque Mondiale, http://databank.worldbank.org/ddp/home.do?Step=3&id=4
[21] http://cdiac.ornl.gov/trends/emis/tre_glob_2010.html
[22] Cette opération a uniquement pour objet de permettre d’obtenir un quotient sans dimension et qui a un sens physique. On aurait pu aussi bien diviser le CO2 anthropique pour la population et le rapport aurait donné x tonnes/habitant.
[23] http://www.bretagne-solidarite-internationale.org/mediastore/11/4810_1_FR_original.pdf. « La disponibilité alimentaire globale est très inégalement répartie : de 2400 kcal/jour/habitant en Afrique subsaharienne à 4000 dans les pays de l’OCDE »
[24] http://www.agrireseau.qc.ca/agroenvironnement/documents/Fi11-05_GESagricoles.pdf
[25] http://p-plum.pagesperso-orange.fr/sujet_energies_renouvelables/NRJS1node10.html. Si l’on tient compte de tous les gaz à effet de serre produits par les activités agricoles et forestières l’impact de ces activités est bien plus important. En France la contribution de ces activités au P.R.G. (Potentiel de Réchauffement Global) est 24% du total.    
[26] http://www.fao.org/news/story/fr/item/74312/icode/
27] « ordre de grandeur » s’entend ici quand les valeurs comparées sont différentes par un facteur dix, cent, mille…

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

8 000 000 000

Le 11 juillet dernier l’ONU[1] nous faisait connaitre que « La population mondiale devrait atteindre 8 milliards [huit mille millions] d'habitants le 15 novembre 2022 ». En 2015, quand je me suis engagé dans la construction de ce site, nous n’étions que 7,38 milliards, ce qui représente « grosso modo » une augmentation de quelque 620 millions en huit ans (2015 à 2022 comprises), soit une croissance de plus de (620/7) 89 millions/an. Entre ces deux dates il y a eu un accident - la Covisd-19 en 2020 et 2021. Il fut la cause d’une diminution par rapport à la moyenne - suivi, si l’on croit les annonces de l’ONU, par une spectaculaire augmentation, estimée[2],  au bas mot, à 123 millions en 2022 (Table 1).

Table 1 – Évolution de la population mondiale entre 2015 et 2022
Données d’après
https://population.un.org/wpp/Download/Standard/MostUsed/                                    

ANNÉE

POPULATION

AUGMENTATION

2015

7 383 240

 

2016

7 469 955

86 715

2017

7 556 993

87 038

2018

7 642 651

85 658

2019

7 724 928

82 277

2020

7 804 974

80 045

2021

7 876 932

71 958

2022

8 000 000*

123 068

 

MOYENNE

88 109

     *  Estimation

Entre ces deux dates  les émissions de CO2[3]sont passées (arrondies au digit supérieur) de 33 à 36,3[4] Gt. Un calcul très simple montre que, si l’on considère les erreurs intrinsèques à l’estimation de ces chiffres, rien n’a changé entre les discours emphatiques et prometteurs de la COP 21 en 2015 et aujourd’hui.

En effet, la Table 2 résume ces données et montre que la moyenne des émissions de CO2 par tête d’habitant de la planète reste sensiblement la même, en dépit de la diminution des activités et l’augmentation des décès dus à la COVID-19 et ses variantes de 2020 à 2022.

Table 2 – Population et émissions de CO2 en 2015 et 2022
Données d’après
https://www.iea.org/reports/global-energy-review-co2-emissions-in-2021-2

ANNÉE

POPULATION

ÉMISSIONS CO2

ÉMISSION CO2 /HABITANT

 

Md

Gt

t

2 015

7,38

33,00

4,50[5]

2 022

8,00*

36,30*

4,54

*  Estimation

Ceci veut dire aussi que les décès ne compensent pas les naissances, qui se poursuivent inexorablement, même si la fécondité a diminué globalement, passant de 3,2 à 2,4 enfants/femme[6] entre 1990 et 2020. Et qui plus est, ces nouveaux nés arrivent en apportant, probablement à leur corps défendant,  une contribution aux émissions de CO2 presque égale à la contribution moyenne de chacun des êtres humains vivants au moment de leur naissance.  Elle est par ailleurs supérieure à celle déclarée nécessaire (2t), au cours d’une émission récente sur Public Senat, pour la subsistance d’un bébé[7].  Cette donnée est cependant 30 fois inférieure à celle annoncée (58.6 t) par une étude suédoise[8] de 2017. Contentons-nous donc de la statistique globale de la Table 2 et admettons que les petits émettent autant que les grands !

Ces 620 millions (9% de la population totale de 2015) de petits et jeunes enfants, dont l’âge maximale est inférieur à 7 ans, ne devraient pas contribuer substantiellement à une quelconque augmentation de la richesse, puisqu’ils ne sont pas en âge de le faire. Or, la Table 3 montre qu’entre 2015 et 2022 la population a augmenté de 9%, le PIB mondial de plus de 30% et celui per capita (dont les 620 millions de petits de moins de sept ans) de 20% ! Et ceci en dépit des conséquences de la « guerre » contre la Covid-19, qui aurait dû se traduire par, a minima, une stagnation de la richesse mondiale et une diminution des émissions de CO2

Table 3 – Population et PIB en 2015 et 2022
Données d’après
https://donnees.banquemondiale.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD et https://thedocs.worldbank.org/en/doc/18ad707266f7740bced755498ae0307a-0350012022/related/Global-Economic-Prospects-June-2022-Chapter-1-Highlights-FR.pdf

ANNÉE

POPULATION

PIB MONDE

PIB/HABITANT

 

 

Md

1000*Md $

$

 

2 015

7,34

75,23

10 249,32

 

2 022

8

98,89

12 360,86

 
 

9

31,4

20,6

AUGMENTATION %

 

Quoi conclure de ces chiffres ?

Si l’on est optimiste on aurait tendance à dire qu’en dépit du « cataclysme[9] » de la Covid 19 tous les indicateurs de croissance - population, richesse (PIB), émissions[10] de CO2, espérance de vie à la naissance, etc. – sont au vert et qu’ils risquent de continuer ainsi et se stabiliser, avec un peu de chance, quand « la fécondité étant en baisse » « Le nombre de personnes habitant sur la planète devrait … avoisiner les 11 milliards à la fin du siècle[11]»

Si l’on est pessimiste on pourrait espérer un vrai « cataclysme[12] », qui dépasserait en magnitude et gravité celui qui nous est prédit depuis plus de trente ans par les 26 COPs successives.

La guerre en Ukraine, dont les prémices - en termes stratégiques, économiques (micro et macro), financiers, politiques, sociétales, etc. – se font sentir avec une acuité peu courante pourrait être le déclencheur (détonateur ?) d’un nouveau paradigme de l’humanité. Et seulement de l’humanité puisque notre planète est, et restera encore pour des milliards d’années, totalement indifférent à notre existence, comme elle l’a été au cours des milliards d’années qui ont précédé notre présence pensante sur la mince croute terrestre.  

                                                                                                                             Daniel H. Fruman
                                                                                                                             14/08/2022

[2] La population en 2022 ne tient pas compte de l’augmentation probable entre le 15/11 et le 31/12/2022.

[4] On a pris la valeur des émissions en 2021puisque l’on n’a pas trouvé encore des estimations pour 2022. On peut cependant prévoir qu’elles seront beaucoup plus élevées. 

[5] En 2019 les émissions per capita en France étaient identiques à la moyenne monde - 4,469 t - suivant les données de la Banque Mondiale https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.PC?locations=FR

[5] Émission Sens Public sur Public Senat du 21/07/2022 22:00. « Un bébé 2t/an »

[7] Émission Sens Public sur Public Senat du 21/07/2022 22:00. « Un bébé 2t/an »

[9] « Le cataclysme du Covid-19 doit servir de catalyseur pour redéfinir notre politique du grand âge » (lemonde.fr). Bouleversement causé par un tremblement de terre, par un cyclone et par extension Désastre, bouleversement complet dans la situation d'un État, d'un groupe, d'une personne ; catastrophe.