CHANGEMENT CLIMATIQUE ET EXPLOSION DÉMOGRAPHIQUE

Une vérité pas bonne à dire

« On va se le payer, le nouveau grand feu d'artifesse, avec les tout nouveaux pétards dernier cri. Mon cul sur le der­rick ! Ils s'en tamponnent maintenant, de la Lune, Mars, Vénus et tout le système. Ça leur est sorti des préoccupations. Ils ont pigé que c'était pas du bidon, le cosmos, or, y a que le bidon qui les tourneboule, le bidon d'essence, s'entend. Pas fuel la guêpe ! »
San Antonio, La vie privée de Walter Klozett, Fleuve Noir.

« Comment se fait-il, messire, que la médecine n'ait pas trouvé le moyen d'extirper le bacille de la peste? Plaise au ciel, s'écria le grand-duc, qu'elle ne le trouve jamais! La peste est un fléau divin. Elle est nécessaire à l'équilibre de notre budget. Trop d'indi­gents sont nourris aux frais de l'État. Sans des épidémies à intervalles réguliers, cet excès de population sans ressources finirait par vider nos coffres. »
Dominique Fernandez, Le dernier des Médicis, Grasset, p.116

« On s'est bien peu préoccupé, jusqu'à présent, des suites funestes que pourrait avoir un accroissement trop rapide de l'espèce humaine, car la relation de cause à effet qui existe entre cet accroissement et ses suites est moins évidente qu'en d'autres domaines»
Thomas-Robert Malthus, Essai sur le principe de population, Préface et traduction par le docteur Pierre Theil, p.  93

 

La France se prépare à accueillir et présider à la fin 2015 la vingt-et-unième Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP21/CMP11), aussi appelée « Paris 2015 ». La Convention-cadre est « une convention universelle de principe, qui reconnait l’existence d’un changement climatique d’origine humaine et donne aux pays industrialisés le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène  ». Cette reconnaissance est sous-tendue par les conclusions des travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dont le mandat est « d’évaluer, sans parti pris et de manière méthodique et objective, l’information scientifique, technique et socio-économique disponible en rapport avec la question du changement du climat  ». Or, sans émettre une critique quelconque sur le travail d’un si distingué organisme il nous parait opportun de proposer une réflexion innovante.

Nous ne faisons pas partie des « climatosceptiques » et sommes convaincus que le climat a changé, change et changera avec ou sans la contribution des êtres humains. Nous ne mettons pas en doute les données facilement accessibles via Internet dans des sites officiels - Banque mondiale, FMI, Nations Unies, Environmental Protection Agency (USA), etc.-  qu’il s’agisse de l’évolution de la concentration du CO2 atmosphérique, tel que déterminée à partir des carottages des glaces polaires et des mesures directes dans une époque très récente, des températures moyennes de la planète, de la population, etc. , qui sous-tendent les raisonnements justifiant le caractère anthropique du changement climatique. Nous nous permettons seulement d’utiliser ces données pour montrer qu’une analyse d’une grande simplicité permet d’aboutir aux mêmes conclusions chiffrées et avec les mêmes incertitudes que les modelés - dont la mise en œuvre nécessite d’importants moyens humains et informatiques - extrêmement élaborés du GIEC.

Cependant, nous montrons que le seul facteur moteur dans l’inévitable croissance de la concentration de CO2 atmosphérique est la population cumulée et que, même si la population se stabilisait ou diminuait - comme dans certaines estimations prévisionnelles - la concentration de CO2 atmosphérique poursuivra son inexorable augmentation (à cause de l’accumulation de CO2 atmosphérique due aux êtres humains ayant existé, existant ou à exister). Espérer une stabilisation ou une diminution de la population est une gageure sauf si l’on compte sur un ou des évènements tragiques d’une incroyable gravité (même la Seconde guerre mondiale – 60 millions de morts – a été incapable de modérer la croissance de la population). La diminution drastique des émissions de CO2 per capita ne serait qu’un palliatif mineur sauf si la population la plus riche, à peu près un milliard d’individus, accepte une diminution considérable (d’un facteur poche de dix) de ses émissions, et la population la plus pauvre, à peu près six milliards, de la diminuer (de moitié) ou, pire encore, de ne pas l’augmenter comme elle le souhaite certainement.

Le dilemme du « changement climatique » est que, quoique l’on fasse, il se produira inéluctablement tant que la seule espèce « nuisible » - l’humaine  - continuera à habiter la planète Terre.

Daniel H. Fruman
Texte
et Images dans l'ensemble du site © Daniel H. Fruman sauf si explicitement signalé.
L'auteur remercie vivement Messieurs Thierry Pfister d'avoir édité les textes et Douglass M. Carver de les avoir commentés.

HAUT DE PAGE

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

8 000 000 000

Le 11 juillet dernier l’ONU[1] nous faisait connaitre que « La population mondiale devrait atteindre 8 milliards [huit mille millions] d'habitants le 15 novembre 2022 ». En 2015, quand je me suis engagé dans la construction de ce site, nous n’étions que 7,38 milliards, ce qui représente « grosso modo » une augmentation de quelque 620 millions en huit ans (2015 à 2022 comprises), soit une croissance de plus de (620/7) 89 millions/an. Entre ces deux dates il y a eu un accident - la Covisd-19 en 2020 et 2021. Il fut la cause d’une diminution par rapport à la moyenne - suivi, si l’on croit les annonces de l’ONU, par une spectaculaire augmentation, estimée[2],  au bas mot, à 123 millions en 2022 (Table 1).

Table 1 – Évolution de la population mondiale entre 2015 et 2022
Données d’après
https://population.un.org/wpp/Download/Standard/MostUsed/                                    

ANNÉE

POPULATION

AUGMENTATION

2015

7 383 240

 

2016

7 469 955

86 715

2017

7 556 993

87 038

2018

7 642 651

85 658

2019

7 724 928

82 277

2020

7 804 974

80 045

2021

7 876 932

71 958

2022

8 000 000*

123 068

 

MOYENNE

88 109

     *  Estimation

Entre ces deux dates  les émissions de CO2[3]sont passées (arrondies au digit supérieur) de 33 à 36,3[4] Gt. Un calcul très simple montre que, si l’on considère les erreurs intrinsèques à l’estimation de ces chiffres, rien n’a changé entre les discours emphatiques et prometteurs de la COP 21 en 2015 et aujourd’hui.

En effet, la Table 2 résume ces données et montre que la moyenne des émissions de CO2 par tête d’habitant de la planète reste sensiblement la même, en dépit de la diminution des activités et l’augmentation des décès dus à la COVID-19 et ses variantes de 2020 à 2022.

Table 2 – Population et émissions de CO2 en 2015 et 2022
Données d’après
https://www.iea.org/reports/global-energy-review-co2-emissions-in-2021-2

ANNÉE

POPULATION

ÉMISSIONS CO2

ÉMISSION CO2 /HABITANT

 

Md

Gt

t

2 015

7,38

33,00

4,50[5]

2 022

8,00*

36,30*

4,54

*  Estimation

Ceci veut dire aussi que les décès ne compensent pas les naissances, qui se poursuivent inexorablement, même si la fécondité a diminué globalement, passant de 3,2 à 2,4 enfants/femme[6] entre 1990 et 2020. Et qui plus est, ces nouveaux nés arrivent en apportant, probablement à leur corps défendant,  une contribution aux émissions de CO2 presque égale à la contribution moyenne de chacun des êtres humains vivants au moment de leur naissance.  Elle est par ailleurs supérieure à celle déclarée nécessaire (2t), au cours d’une émission récente sur Public Senat, pour la subsistance d’un bébé[7].  Cette donnée est cependant 30 fois inférieure à celle annoncée (58.6 t) par une étude suédoise[8] de 2017. Contentons-nous donc de la statistique globale de la Table 2 et admettons que les petits émettent autant que les grands !

Ces 620 millions (9% de la population totale de 2015) de petits et jeunes enfants, dont l’âge maximale est inférieur à 7 ans, ne devraient pas contribuer substantiellement à une quelconque augmentation de la richesse, puisqu’ils ne sont pas en âge de le faire. Or, la Table 3 montre qu’entre 2015 et 2022 la population a augmenté de 9%, le PIB mondial de plus de 30% et celui per capita (dont les 620 millions de petits de moins de sept ans) de 20% ! Et ceci en dépit des conséquences de la « guerre » contre la Covid-19, qui aurait dû se traduire par, a minima, une stagnation de la richesse mondiale et une diminution des émissions de CO2

Table 3 – Population et PIB en 2015 et 2022
Données d’après
https://donnees.banquemondiale.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD et https://thedocs.worldbank.org/en/doc/18ad707266f7740bced755498ae0307a-0350012022/related/Global-Economic-Prospects-June-2022-Chapter-1-Highlights-FR.pdf

ANNÉE

POPULATION

PIB MONDE

PIB/HABITANT

 

 

Md

1000*Md $

$

 

2 015

7,34

75,23

10 249,32

 

2 022

8

98,89

12 360,86

 
 

9

31,4

20,6

AUGMENTATION %

 

Quoi conclure de ces chiffres ?

Si l’on est optimiste on aurait tendance à dire qu’en dépit du « cataclysme[9] » de la Covid 19 tous les indicateurs de croissance - population, richesse (PIB), émissions[10] de CO2, espérance de vie à la naissance, etc. – sont au vert et qu’ils risquent de continuer ainsi et se stabiliser, avec un peu de chance, quand « la fécondité étant en baisse » « Le nombre de personnes habitant sur la planète devrait … avoisiner les 11 milliards à la fin du siècle[11]»

Si l’on est pessimiste on pourrait espérer un vrai « cataclysme[12] », qui dépasserait en magnitude et gravité celui qui nous est prédit depuis plus de trente ans par les 26 COPs successives.

La guerre en Ukraine, dont les prémices - en termes stratégiques, économiques (micro et macro), financiers, politiques, sociétales, etc. – se font sentir avec une acuité peu courante pourrait être le déclencheur (détonateur ?) d’un nouveau paradigme de l’humanité. Et seulement de l’humanité puisque notre planète est, et restera encore pour des milliards d’années, totalement indifférent à notre existence, comme elle l’a été au cours des milliards d’années qui ont précédé notre présence pensante sur la mince croute terrestre.  

                                                                                                                             Daniel H. Fruman
                                                                                                                             14/08/2022

[2] La population en 2022 ne tient pas compte de l’augmentation probable entre le 15/11 et le 31/12/2022.

[4] On a pris la valeur des émissions en 2021puisque l’on n’a pas trouvé encore des estimations pour 2022. On peut cependant prévoir qu’elles seront beaucoup plus élevées. 

[5] En 2019 les émissions per capita en France étaient identiques à la moyenne monde - 4,469 t - suivant les données de la Banque Mondiale https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.PC?locations=FR

[5] Émission Sens Public sur Public Senat du 21/07/2022 22:00. « Un bébé 2t/an »

[7] Émission Sens Public sur Public Senat du 21/07/2022 22:00. « Un bébé 2t/an »

[9] « Le cataclysme du Covid-19 doit servir de catalyseur pour redéfinir notre politique du grand âge » (lemonde.fr). Bouleversement causé par un tremblement de terre, par un cyclone et par extension Désastre, bouleversement complet dans la situation d'un État, d'un groupe, d'une personne ; catastrophe.