EXECUTIVE SUMMARY

L’examen des données disponibles concernant l’évolution de la population dans le passé montre que :

1)      la population annuelle mondiale a augmenté de manière extrêmement rapide depuis le milieu du XIXe siècle, plus précisément elle a doublé, passant de 1 à 2 milliard entre 1830 et 1930, et de 2 milliard à 7 milliard entre 1930 et 2010, soit une augmentation de 3,5 fois en seulement 80 ans,

2)      en termes de population cumulée on peut distinguer :

a)      une période assez longue, entre l’an 1000 et 1500 correspondant à la fin de l’« époque médiévale » avec une augmentation lente pratiquement linéaire,

b)      elle est suivie par une période de transition entre l’année 1500 et le milieu du XXe siècle correspondant à l’époque dite « moderne »,

c)      et depuis le milieu du XXe siècle une période "contemporaine" de très forte augmentation pratiquement linéaire.   

3)      le taux de croissance pendant la période contemporaine aurait permis d’atteindre la population cumulée entre l’an mille et 2010 en seulement 150 ans,

4)      la croissance pendant la période contemporaine est le résultat direct des progrès accomplis dans le domaine médical d’une part et, d’autre part, dans le domaine alimentaire puisqu’il a bien fallu augmenter la production agricole pour sustenter les habitants de la planète,

5)      la croissance pendant la période contemporaine a été le résultat de la diminution de la fécondité et de l’augmentation de la durée de vie (baisse de la mortalité),

6)      il y a une forte disparité entre les populations les plus développés (~ 1 milliard) et les moins développées (~ 6 milliard).

Les données accessibles concernant l’évolution de la population, de la concentration de CO2 atmosphérique, des émissions de CO2 d’origine anthropique et du Produit Intérieur Brut (PIB) montrent que :

1)      Les émissions de CO2 cumulées sont corrélées avec la population cumulée pour la période1955-2010,

2)      La concentration de CO2 atmosphérique est corrélée avec les émissions de CO2 cumulées pour la période la période 1955-2010,

3)      Les concentrations de CO2 atmosphérique présentent un palier pendant la période 1938-1955 en dépit de l’augmentation sensible de la population et des émissions de CO2,

4)      La respiration humaine et l’énergie nécessaire pour assurer l’alimentation des habitants de la planète constituent une fraction non négligeable, 17 à 18%, des émissions de CO2 anthropique,

5)      Il existe des disparités considérables dans les émissions de CO2 suivant les pays – entre 50000 kg et 50 kg de CO2 per capita pour les habitants du Qatar et du Mali respectivement,

6)      Plus le PBI per capita est élevé plus l'émission de CO2 per capita est élevée.

Concernant l’augmentation probable de la température du globe nous montrons :

1)      par simple extrapolation pour la date de 2100 de la courbe de concentration de CO2 en fonction de la population, que les concentrations probables à cette date peuvent être entre 535 et 688 ppm correspondant à des écarts de températures par rapport à 2010 entre 1,39 et 2,8 °C,

2)      en utilisant la droite d’ajustement de la concentration de CO2 en fonction de la population cumulée pour la période 1955/2010, que la concentration de CO2 à l’horizon 2100 est comprise entre 593 et 748 ppm suivant les scénarios de croissance de la population proposé par l’ONU, ce qui correspond à des écarts de température attendus par rapport à 2010 compris entre 1,95 et 3,44 °C,

3)      ces écarts de température sont dans la fourchette des prévisions du GIEC de 2007 comprise entre 1,8 et 4 °C (1,1 et 6,4 °C avec l’intervalle probable), et de 2013 entre 1 et 3,7 °C (0,3 et 4,8 °C avec la plage probable) dans l’autre.

Concernant les actions palliatives proposées pour modérer l’augmentation de la température on conclut que :

1)      pour les conditions d’émission préconisées par Nicholas Stern : « au moins 50 % de réduction (par rapport au niveau de 1990) pour l'ensemble de la planète d'ici à 2050 et au moins 80 % pour les pays riches à la même date »,

a)      la population pauvre (87% de celle de la planète) devrait en moyenne renoncer à leur consommation moyenne de 2,59 t/an de CO2 et la réduire à 1,30 t/an à l’horizon 2050, consommation moyenne d’un Indien en 2005, 

b)      la population riche (13% de celle de la planète) devrait en moyenne renoncer à leur consommation moyenne 15,53 t/an de CO2 et la réduire à 1,95 t/an à l’horizon 2050, consommation moyenne d’un Chinois en 1986-1987,

2)      que pour les conditions d’émission préconisées par Barack Obama pour les États-Unis : « des réductions d’émissions de 80% (de GES, Gaz à Effet de Serre) par rapport à 1990 (4,88 Gt) » en 2050 et « de revenir aux niveaux de 1990 en 2020 » les américains moyens devront :

A)    diminuer leurs émissions de GES de de 0,036 Gt par an (depuis 2012) pendant huit ans,

B)     diminuer leurs émissions de GES de 0,17 Gt par an (à partir de 2020) pendant trente ans,

C)     passer de 20,7 t/habitant en 2012 à 3,1 t/habitant de GES en 2050 ce qui correspond aux émissions per capita de CO2 d’un Chinois en 2002-2003,

3)      quel que soit le choix du scénario de réduction des émissions de CO2 proposé, le stock de GES dans l’atmosphère continuera à augmenter (en particulier pour le CO2 d’une « durée de vie » très longue),

4)      si rien ne vient contredire la relation établie entre l’augmentation du stock (concentration) de CO2 athmosphérique et la température cette dernière augmentera inexorablement,

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Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

8 000 000 000

Le 11 juillet dernier l’ONU[1] nous faisait connaitre que « La population mondiale devrait atteindre 8 milliards [huit mille millions] d'habitants le 15 novembre 2022 ». En 2015, quand je me suis engagé dans la construction de ce site, nous n’étions que 7,38 milliards, ce qui représente « grosso modo » une augmentation de quelque 620 millions en huit ans (2015 à 2022 comprises), soit une croissance de plus de (620/7) 89 millions/an. Entre ces deux dates il y a eu un accident - la Covisd-19 en 2020 et 2021. Il fut la cause d’une diminution par rapport à la moyenne - suivi, si l’on croit les annonces de l’ONU, par une spectaculaire augmentation, estimée[2],  au bas mot, à 123 millions en 2022 (Table 1).

Table 1 – Évolution de la population mondiale entre 2015 et 2022
Données d’après
https://population.un.org/wpp/Download/Standard/MostUsed/                                    

ANNÉE

POPULATION

AUGMENTATION

2015

7 383 240

 

2016

7 469 955

86 715

2017

7 556 993

87 038

2018

7 642 651

85 658

2019

7 724 928

82 277

2020

7 804 974

80 045

2021

7 876 932

71 958

2022

8 000 000*

123 068

 

MOYENNE

88 109

     *  Estimation

Entre ces deux dates  les émissions de CO2[3]sont passées (arrondies au digit supérieur) de 33 à 36,3[4] Gt. Un calcul très simple montre que, si l’on considère les erreurs intrinsèques à l’estimation de ces chiffres, rien n’a changé entre les discours emphatiques et prometteurs de la COP 21 en 2015 et aujourd’hui.

En effet, la Table 2 résume ces données et montre que la moyenne des émissions de CO2 par tête d’habitant de la planète reste sensiblement la même, en dépit de la diminution des activités et l’augmentation des décès dus à la COVID-19 et ses variantes de 2020 à 2022.

Table 2 – Population et émissions de CO2 en 2015 et 2022
Données d’après
https://www.iea.org/reports/global-energy-review-co2-emissions-in-2021-2

ANNÉE

POPULATION

ÉMISSIONS CO2

ÉMISSION CO2 /HABITANT

 

Md

Gt

t

2 015

7,38

33,00

4,50[5]

2 022

8,00*

36,30*

4,54

*  Estimation

Ceci veut dire aussi que les décès ne compensent pas les naissances, qui se poursuivent inexorablement, même si la fécondité a diminué globalement, passant de 3,2 à 2,4 enfants/femme[6] entre 1990 et 2020. Et qui plus est, ces nouveaux nés arrivent en apportant, probablement à leur corps défendant,  une contribution aux émissions de CO2 presque égale à la contribution moyenne de chacun des êtres humains vivants au moment de leur naissance.  Elle est par ailleurs supérieure à celle déclarée nécessaire (2t), au cours d’une émission récente sur Public Senat, pour la subsistance d’un bébé[7].  Cette donnée est cependant 30 fois inférieure à celle annoncée (58.6 t) par une étude suédoise[8] de 2017. Contentons-nous donc de la statistique globale de la Table 2 et admettons que les petits émettent autant que les grands !

Ces 620 millions (9% de la population totale de 2015) de petits et jeunes enfants, dont l’âge maximale est inférieur à 7 ans, ne devraient pas contribuer substantiellement à une quelconque augmentation de la richesse, puisqu’ils ne sont pas en âge de le faire. Or, la Table 3 montre qu’entre 2015 et 2022 la population a augmenté de 9%, le PIB mondial de plus de 30% et celui per capita (dont les 620 millions de petits de moins de sept ans) de 20% ! Et ceci en dépit des conséquences de la « guerre » contre la Covid-19, qui aurait dû se traduire par, a minima, une stagnation de la richesse mondiale et une diminution des émissions de CO2

Table 3 – Population et PIB en 2015 et 2022
Données d’après
https://donnees.banquemondiale.org/indicator/NY.GDP.MKTP.CD et https://thedocs.worldbank.org/en/doc/18ad707266f7740bced755498ae0307a-0350012022/related/Global-Economic-Prospects-June-2022-Chapter-1-Highlights-FR.pdf

ANNÉE

POPULATION

PIB MONDE

PIB/HABITANT

 

 

Md

1000*Md $

$

 

2 015

7,34

75,23

10 249,32

 

2 022

8

98,89

12 360,86

 
 

9

31,4

20,6

AUGMENTATION %

 

Quoi conclure de ces chiffres ?

Si l’on est optimiste on aurait tendance à dire qu’en dépit du « cataclysme[9] » de la Covid 19 tous les indicateurs de croissance - population, richesse (PIB), émissions[10] de CO2, espérance de vie à la naissance, etc. – sont au vert et qu’ils risquent de continuer ainsi et se stabiliser, avec un peu de chance, quand « la fécondité étant en baisse » « Le nombre de personnes habitant sur la planète devrait … avoisiner les 11 milliards à la fin du siècle[11]»

Si l’on est pessimiste on pourrait espérer un vrai « cataclysme[12] », qui dépasserait en magnitude et gravité celui qui nous est prédit depuis plus de trente ans par les 26 COPs successives.

La guerre en Ukraine, dont les prémices - en termes stratégiques, économiques (micro et macro), financiers, politiques, sociétales, etc. – se font sentir avec une acuité peu courante pourrait être le déclencheur (détonateur ?) d’un nouveau paradigme de l’humanité. Et seulement de l’humanité puisque notre planète est, et restera encore pour des milliards d’années, totalement indifférent à notre existence, comme elle l’a été au cours des milliards d’années qui ont précédé notre présence pensante sur la mince croute terrestre.  

                                                                                                                             Daniel H. Fruman
                                                                                                                             14/08/2022

[2] La population en 2022 ne tient pas compte de l’augmentation probable entre le 15/11 et le 31/12/2022.

[4] On a pris la valeur des émissions en 2021puisque l’on n’a pas trouvé encore des estimations pour 2022. On peut cependant prévoir qu’elles seront beaucoup plus élevées. 

[5] En 2019 les émissions per capita en France étaient identiques à la moyenne monde - 4,469 t - suivant les données de la Banque Mondiale https://donnees.banquemondiale.org/indicateur/EN.ATM.CO2E.PC?locations=FR

[5] Émission Sens Public sur Public Senat du 21/07/2022 22:00. « Un bébé 2t/an »

[7] Émission Sens Public sur Public Senat du 21/07/2022 22:00. « Un bébé 2t/an »

[9] « Le cataclysme du Covid-19 doit servir de catalyseur pour redéfinir notre politique du grand âge » (lemonde.fr). Bouleversement causé par un tremblement de terre, par un cyclone et par extension Désastre, bouleversement complet dans la situation d'un État, d'un groupe, d'une personne ; catastrophe.

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